3 erreurs à éviter dans un discours

Il y a bien sûr plus de trois erreurs à éviter dans un discours. Ces trois là sont-elles les plus graves ? C’est en tous cas celles que j’ai choisies de décrire pour La Guilde des Plumes qui en a d’ailleurs répertorié 10, sans pour autant prétendre à l’exhaustivité (accessibles à la fin de cet article).

Ne pas préparer son discours

Bien sûr vous maitrisez votre sujet, enfin à peu près, bien sûr vous avez du talent dans la spontanéité, bien sûr le naturel et la décontraction sont préférables à la lecture hésitante d’un texte…

D’ailleurs me direz-vous, nous devons à l’improvisation certains des meilleurs discours ever comme le fameux « I have a dream » de Martin Luther King.

Sauf que l’on confond improvisation et impréparation. L’improvisation est un art qui nécessite de maîtriser en profondeur le fond et la forme de son message. On peut même dire que l’improvisation ne s’improvise pas mais repose sur une pratique tellement assidue et intériorisée qu’elle permet le lâcher prise et la virtuosité comme dans le jazz ou l’Aïkido.

Donc mieux vaut lire (et bien lire) son discours que se risquer imprudemment dans cet exercice de haut vol.

Préciser « Je ne vais pas être long »

Invariablement, les discours trop longs comportent cette formule.

N’oubliez jamais que le locuteur et l’auditeur ne vivent pas dans le même espace temps. Pour l’un une heure peut sembler durer une minute et inversement. Et donc suivant votre position, le terme « long » n’a définitivement pas la même signification.

Mentionner la longueur de son propos a en général pour but de se faire pardonner de ne pas être aussi intéressant qu’on le devrait et de compenser ce défaut par la brièveté. En réalité, vous ne faites que dévoiler à votre audience votre manque d’assurance et attirer son attention sur la durée du discours au détriment de son contenu.

Si vous souhaitez annoncer votre temps de parole, donnez-en une mesure précise et objective : 5 minutes ou 5 heures, éventuellement assortie dans ce second cas d’un commentaire encourageant du type « j’espère que vous êtes confortablement installés »…

Négliger sa conclusion

Il est temps de conclure cette série des « 10 erreurs à éviter dans un discours ».

Rappelons d’abord qu’il faut absolument le prendre, ce temps de conclure, tout en restant dans la limite que vous vous êtes fixée (conseils d’Ingrid de l’épisode 4 et de Laurent épisode 8). Ayant passé tous les obstacles précédents, il serait dommage de trébucher sur le dernier.

Pour mémoire, votre introduction a su capter l’attention de votre auditoire (épisode 3 de Charline) par le choix judicieux d’une anecdote piquante qui vous était personnellement arrivée le matin même. Vous avez ensuite déployé un argumentaire imparable, d’une logique toute cartésienne, apte à stimuler l’intelligence de chacun·e. Vous avez détaché quelques unes des phrases façon « punch line » qui font le miel des community managers (épisode 9 de Louis). Vous avez aussi su faire frémir les spectateur·trice·s, convoquant leurs angoisses ancestrales et leur besoin de transcendance.

Vous n’avez pas hésité à citer un chiffre, enseigné par les leçons de Violaine (épisode 7) pourvu qu’il soit frappant, comme celui du taux de cancers de la prostate, (par Cheril Clarke).

Si vous avez fait une concession à l’usage de la citation littéraire (épisode 6 par Antoine), vous l’avez aussitôt dynamité en invoquant non pas un auteur classique mais un chanteur de variété, c’est-à-dire un classique de demain. Vous avez alors senti que le premier rang était prêt à votre ultime prise de risque et avez entonné d’une voix pas tout à fait assurée mais où gagnait l’émotion :

« Un désir qui nous emballe / Pour demain nos enfants pâles / Un mieux, un rêve, un cheval… »

car comme la foule sentimentale, entre convaincre et persuader vous avez refusé de choisir (épisode 2 par Anne).

Vous avez donc suivi tous les conseils de la Guilde, même ceux qui concernent l’avant discours (épisodes 1 par Laurent et 5 par Bénédicte) même ceux qui n’ont pas été donnés cette fois-ci comme de commencer par écrire un anthymème, de trouver un refrain et des couplets (Violaine Ricard de Graffigny lors de la Conférence d’automne de la Guilde). Il ne vous reste donc qu’à cueillir le fruit de vos efforts et c’est très précisément ce que vous allez faire en trois temps, dans le style classique et imparable que nous vous recommandons.

  • Vous remerciez d’abord votre audience et peut-être même la flattez-vous un peu mais ce n’est pas grave car vous êtes sincère au moment où vous déclamez : vous êtes superbes / je vous aime ou je n’oublierai jamais ce moment.   
  • Vous prenez rendez-vous avec votre public pour une prochaine échéance et lui donnez la perspective qui sous-tend tout votre propos, toutes vos actions, voire toute votre vie, en disant quelque chose d’inspirant comme « ensemble nous allons changer le marché des semi-conducteurs, peut-être même le monde / en route pour la victoire / à dimanche ! ».
  • Vous souriez, vous saluez, vous re souriez, re saluez, vous faites un pas en direction de la sortie et tendez bien l’oreille, car à ce moment là précisément, vous allez peut-être entendre une rumeur chaleureuse et quelques applaudissements. Vous les savourez un instant, et vite, vous partez sans vous retourner.

Convaincre au lieu de persuader

Ne pas prendre en compte son auditoire

Vouloir trop en dire

Ne préparer que le discours

Multiplier les citations

Mal utiliser les chiffres

Oublier le live-tweet

Publié par laurentjauffret

Stratégie & langages Consultant et blogueur, conseille en communication numérique et/ou politique, écriture vidéo. Enseigne l'écriture web et la communication.

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